07/11/08: Conférence à Fontaine-l'Evêque: "Plantons des haies! Pourquoi? Quel est leur rôle écologique? Lesquelles? Quelles plantes? Comment planter?"



Par Mme Christiane PERCSY-LEFEVRE, professeur à l'ULB

Le vendredi 7 novembre 2009 à 19H30
à la Maison de la Laïcité de Leernes
(Place Degauque 1)

Les haies, ainsi que les bandes boisées, jouent un rôle important dans notre environnement : éléments essentiels de l'esthétique paysagère, elles constituent aussi des refuges pour la faune et la flore sauvages; en zone agricole, elle influencent positivement les activités qui s'y déroulent et peuvent même y apporter des ressources complémentaires.
Planter des haies d'espèces indigènes, c'est donc participer personnellement au maintien et à la reconstruction d'un maillage écologique à travers le territoire : nous verrons comment nous y prendre, que ce soit dans notre jardin ou dans des espaces agricoles.



Docteur en Sciences, ancien chercheur FNRS puis enseignante en Mathématiques à l'ULB, Mme Percsy – Lefèvre se consacre aujourd'hui à ce qui fut sa passion d'enfance : la nature. Elle est Collaboratrice scientifique au Laboratoire de Génétique et Ecologie végétales et est aussi Chargée de cours invitée à l'UCL. Par ailleurs, elle assume bénévolement de nombreuses responsabilités au sein de l'asbl de conservation de la nature RNOB/Natagora, dont elle fut Vice- Présidente jusqu'il y a peu.

Organisateurs:

* Le Plan Communal de Développement de la Nature de Fontaine -l'Evêque
* l'Extension de l' ULB, Lien (Anderlues- Binche- Fontaine-l'Evêque)
* la Maison de la Laïcité de Fontaine -l'Evêque

Petit résumé:
L'histoire des haies:
On trouve des mentions de l'existence des haies dès le premier siècle avant JC, à l'époque de Jules César. Pour protéger, entourer les villages.
Au Moyen Age, aussi pour clôturer et défendre les villages.
Entre le 16eS et le 19eS, apparition des bocages
Catastrophe au 20eS, on détruit les haies pour l'agriculture intensive

Rôle des haies:
Esthétique et paysager
Pour la faune et la flore sauvage
Pour le climat car elles jouent un rôle brise-vent et favorisent un micro-climat
Pour les sols: contre l'érosion, elles retiennent, fixent les sols et fertilisent les sols (par les feuilles, l'activité racinaire)

La suppression des haies pour l'agriculture est une grosse bêtise donc car par leur rôle brise-vent, on a pu démontrer que le rendement était amélioré quand le champ est bordé de haies. Elles accumulent la chaleur. Elles régulent aussi l'humidité. En plus, comme elles abritent quantité d'insectes utiles comme les coccinelles, on a moins besoin de pesticides. Le petit bois peut être utilisé comme bois de chauffage.
Intéressant aussi pour le bétail.

Les haies de feuillus sont bien plus intéressantes que les haies de conifères. Ces dernières sont beaucoup moins belles, sont monotones, tristes. Par ailleurs, les conifères en général, deviennent très hauts à l'âge adulte et se dégarnissent à la base. Leur reprise est souvent plus lente. Ils laissent moins passer la lumière, sont plus opaques et ne sont pas de bons brise-vent. Une haie de feuillus offrent une grande diversité de couleurs, de feuillages, de fleurs, de fruits…au fil des saisons. Les conifères sont peu intéressants pour la faune: seuls les merles y nidifient en général.
Les haies de feuillus, en particulier d'arbres et d'arbustes indigènes, accueillent quantité d'insectes comme les papillons, diurnes et nocturnes, sauterelles…même certaines libellules pondent dans l'écorce à proximité d'un cours d'eau. Les apiculteurs plantent régulièrement des haies près de leurs ruches car quand elles sont en fleurs, c'est une source de nourriture.
De petites plantes vivaces trouvent aussi leur place au pied de ces haies comme les véroniques, les pensées sauvages, les orchidées indigènes.
Comme le vent les traversent, son effet est nettement atténué, donc bons brise-vent. Les conifères se font plus facilement déraciner en cas de tempête.

Il vaut mieux favoriser les plantes indigènes qui sont plus résistantes que les horticoles et mieux appréciées par la faune. Elles sont plus adaptées à la région, au sol, au climat.
Comment les reconnaître? En se promenant dans la campagne et en regardant ce qui pousse naturellement.
Les aulnes, par exemple, les saules…Saules têtards qui offrent le refuge à quantité d'oiseaux comme la chouette chevêche. L'aubépine qui a un rôle défensif. Plus la haie est large et mieux c'est.
Si on a un mur ou peu d'espace, les grimpantes offrent une alternative intéressante en particulier le lierre (par exemple sur un treillis) qui offrent des fleurs à l'automne et des baies très appréciées par les oiseaux en février quand il n'y a plus de fruits.

Mais difficile parfois de distinguer les plantes indigènes des autres…
(par exemple, je cherchais une plante indigène à offrir à la conférencière, et je suis sortie de la pépinière avec une viorne horticole asiatique!)
Peu de persistants sont indigènes sauf le houx.

Les variétés horticoles (créés par les pépiniéristes) étant moins résistantes leur propagation dans les jardins posent peu de problème.
Mais les variétés exotiques sauvages posent de gros problèmes car beaucoup sont invasives et entrent en compétition avec la flore indigène. Tout le monde connaît cette terrible rénouée du japon ou bambou du chemin de fer qui envahit tout, les berges,…Mais aussi les bambous dont les terribles rhizomes s'échappent souvent des jardins. Idem du buddleia. La faune s'est acclimatée de certaines exotiques comme la vigne vierge ou le buddleia mais d'autres comme le bambou n'apportent rien à la faune.

Mme Perscy a aussi donné des conseils de plantations: à l'automne, bien préparer le sol, avec du bon compost…Mettre un paillage pour éviter la concurrence avec d'autres plantes. Attention au plastic qui ne peut rester que quelque temps car ensuite il rend le sol stérile.

Mme a illustré sa conférence de nombreuses diapositives. Par ex, elle nous a montré que si à la plantation, les plants semblent ridicules, trois ans plus tard ils rivalisent en taille et en beauté. Ne pas planter serré!!!

Pour les zones rurales, il y a possibilité de subsides de la Région wallonne.